lundi 17 juin 2013

Le pélerinage, comme expérience spirituelle

Ça fait plusieurs fois qu'on me demande: en quoi marcher Compostelle ça a rapport avec la spiritualité? Ça a rapport avec la religion???
Tout d'abord précisons que l'on confond souvent religion et spiritualité. Les 2 peuvent être intimement reliés si un adepte d'une religion y puise sa relation avec le divin en Soi et autour de soi et avec plus Grand que soi... Mais une personne non croyante peut être une personne très spirituelle alors qu'une personne pratiquant une religion, peut  demeurer déconnectée de sa spiritualité, si elle ne fait que pratiquer des gestes, des rituels sans se brancher à de son vécu intérieur. Au départ, le pélerinage de Compostelle était lié a la religion catholique, effectivement. On partait de sa maison et se rendait jusqu'a la tombe de l'apotre Jacques pour se receuillir. On acceptait de tout quitter, de faire pénitence, de vivre pauvrement de la charité des paysants... Les difficultés du chemin permettaient de se purifier, d'expier, afin de se présenter devant l'apotre avec un coeur pur. Aujourd'hui le chemin a bien changé. Mais pour plusieurs, il demeure une expérience spirituelle, qu'ils soient des catholiques pratiquants ou non. Certains randonneurs sont totalement athés... Il y a autant de raison de faire de pélerinage qu'il y a de pélerins...

Spiritualité: le but de la spiritualité est une exploration profonde de l'intériorité, conduisant à l'éveil sprituel, une conversion intime, ou l'accession à un état de conscience modifiée  et durable.(dans Wikipédia) Alors en quoi,  marcher des kms jours après jours peut-il être une expérience spirituelle?
J'y vais de mes humbles explications: d'abord on accepte de quitter sa routine quotidienne et sa zone de confort. On part avec peu de choses, un minimum, l'essentiel en fait. On fait donc pour quelque temps abstraction du confort matériel.  Et on s'engage sur des chemins millénaires, traversés par des millions de personnes avant nous, des chemins d'où émergent une énergie palpable, prenante, envoutante... Puis on marche: on marche pour gober les kms et s'approcher chaque jour un peu plus de notre but. Mais on marche surtout  pour le plaisir de marcher. Le rythme de nos pas peut nous transporter  alors en Soi par moments, comme une transe, comme en état d'hypnose...

 "Dans le silence et la solitude on n'entend plus que l'essentiel"(sur un monument à l'entrée d'Aubrac)

Et puis y'a des moments de douleur physique (ampoules, tendinites...) et d'épuisement.Y'a des moments où les éléments extérieurs se liguent contre nous (jours de pluie, de neige, de canicule...) Des moments où on a l'impression d'aller au bout de ses limites et où on se découvre comme personne. Où on arrive a être fière des efforts consentis, des petits exploits atteints... Parfois, juste contents d'avoir terminé la journée, sans savoir si demain on aura le courage de repartir...

Aussi, y'a les contacts avec les autres: pélerins, hôtes, villageois, commerçants... Tous ces gens que l'on croise, que l'on découvre, que l'on évite, selon le gré de nos humeurs. Ces amitiés que l'on développe, qui durent quelques heures ou plusieurs années... Certains croisent notre chemin sans laisser de trace. D'autres ont plus ou moins d'influence sur notre démarche personnelle. Il y a ceux avec qui on décide de partir, avec qui parfois on décide finalement de vivre l'expérience séparément, Il y a ceux qu'on rencontre au tournant d'un chemin un jour, 2 jours... puis dont on partage des discussions des vécus très personnels. Des gens en quête de sens, en deuil, ... ou juste là pour décrocher d'une vie trop chargée qu'ils ont choisi de mettre entre parenthèse, le temps de souffler un peu...

Enfin y'a la solitude... attirante ou  effrayante, choisie ou non, quelques minutes à plusieurs jours... Saine solitude. Celle nécessaire à cette croissance personnelle et spirituelle!

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